Psychologue, Psychothérapeute, Psychanalyste à Ivry sur Seine
ÉVÈNEMENTS
Quelques interventions hors cabinet
Texte de Véronique Eydoux pour ouvrir le débat
Toni Erdmann, portrait d'un père qui ne s'en laisse pas compter
Tout le monde admire Inès Conradi, business woman accomplie, en pleine ascension professionnelle, pressée, froide. Sressée ??
" elle fait tout ce qu'il faut" dit sa famille.
Père,mère, et fille sont dans le jardin. Elle ne lâche pas son smartphone.
Le père bougonne : "on a dû rater quelquechose."
Et puisqu'elle repart dès demain très tôt pour travailler, il lui annonce sa visite prochaine à Bucarest.
On peut dire qu'avec sa fille, il y va avec son être. Pas de bla bla, de conseils, de sermons. Il y va et ne la lâche pas.
Dans ce monde des affaires qu'il semble découvrir, il amène en permanence la question de la comédie. Il décomplète la cohérence de cet univers par sa seule présence décalée.
Tandis qu'elle peine à le caser dans son emploi du temps serré il ne cesse d'apparaitre et de disparaitre au point qu'elle finit par le chercher du regard.
Comme dans un jeu de coucou avec un tout petit enfant.
La question qui traverse cette quête paternelle est posée dans ces termes dans le film : es tu humaine ?
Es tu encore, toujours humaine ?
Dans le monde du pouvoir, des affaires, des rapports de domination et d'argent, ce père amène avec lui la langue d'enfance d'Inès, il fait surgir ainsi Miss Scnuk, Spaghetti, l'ambassadeur d'allemagne et sa secretaire...
Comme un papa qui s'improvise magicien, il manie les accessoires : les fausses dents, la perruque, le coussin péteur, la râpe à fromage, les menottes et même la fille de sustitution, une fieffée patissière.
La ou elle n'était plus que travail et calcul, il la fait rire, chanter, se déguiser, se blesser, pleurer, boiter, s'endeuiller. Avouer aussi que " ce n'est pas toi et ta râpe à fromage qui m'empêcherait de me suicider".
La scène des menottes est exemplaire. Il tente de l'arrêter dans cette course au pouvoir ou elle perd son humanité. La police paternelle passe les menottes à la fille sans limite.
La scène de l'anniversaire "à poil" est un moment de bascule ou elle initie un jeu qui fait d'elle la digne fille de son père.
La carapace défensive se fissure. Il apparait en monstre poilu chasseur de mauvais esprits, elle le poursuit et ( enfin ) se jette dans ses bras.
Ines Conradi rejoint alors Spaghetti qui était son nom d'enfance.
Le père par son acte permet une modification du régime de jouissance.
Dans la dernière scène, Inès apparait comme lui, déguisée : fausses dents paternelles , chapeau de la grand-mère disparue.
Nul smartphone à l'horizon.
Le temps passe. Elle attend.
Quelque chose est changé dans son rapport au temps et elle a retrouvé sa langue d'enfance.
Dans le cadre de la Semaine d'information sur la santé mentale, je participe à deux actions qui auront lieu à Ivry sur Seine
http://www.semaine-sante-mentale.fr/
